Les schizophrénies, maladies neuropsychiques, touchent 600 000 personnes en France. Elles provoquent souffrances, comportements suicidaires et sont ainsi un véritable problème de santé publique. Elles se traduisent par une désorganisation de la pensée, des troubles dʼidentité et une perte du contact avec la réalité. Les traitements médicamenteux sont aujourdʼhui nécessaires mais inefficaces pour lutter contre lʼisolement et la désocialisation du patient.
À lʼhôpital Sainte-Anne de Paris, une cadre de santé dʼune unité protégée a mis en place, pour certains patients, des séances thérapeutiques avec lʼintervention dʼun animal. Ainsi, une fois par semaine, une psychologue accompagnée de Nova, Golden Retriever, se joignent à une ergothérapeute et une infirmière pour soulager la souffrance des patients. Nova va jouer le rôle de catalyseur, de trait dʼunion, de médiateur entre le patient et lʼéquipe médicale. La séance, alors qualifiée de médiation animale, dʼune durée de 45 mn, se déroule selon un protocole qui met Nova au centre des activités avec 2 ou 3 patients. La présence du chien médiateur suffit pour égayer un quotidien triste et difficile pour les malades.
Bien évidemment, Nova a été spécialement sélectionnée et éduquée pour travailler auprès des malades. Le chien est un animal social, Nova peut être considérée comme super sociale. En dehors de la sociabilité, parmi toutes les qualités dʼun chien de travail en médiation, on peut citer sa bonne humeur, sa douceur et son absence complète de jugement. Pour préserver sa motivation et sa patience, Nova ne fait pas plus de trois séances par jour. Lʼanimal a un réel pouvoir sur nos émotions. D'emblée il fascine, suscite lʼintérêt ce qui est d'autant plus étonnant pour des malades dont il est très difficile d'attirer l'attention sur quelque chose qui leur est extérieur.
La psychothérapie commence par la prise de conscience du corps et libère la parole. Toute forme dʼexpression permet de renouer le lien entre le patient et le réel. Dans la pratique, on caresse le chien, on joue avec lui mais aussi, en fin de compte, avec les autres patients… Ces exercices procurent du plaisir, encouragent les échanges et mettent en confiance. A cause de pratiques qui semblaient trop simplistes et pas assez rigoureuses, la zoothérapie a mis du temps à être reconnue. En effet, on estime que celle-ci a émergée dans les années 1950, en Amérique du Nord. Boris Levinson, pédopsychiatre fut le premier à mentionner le rôle de catalyseur social joué par le chien en présence de lʼhomme. Il fut en effet témoin, par accident, alors que son chien était exceptionnellement présent dans son cabinet, que lʼanimal était source de stimulations auprès de ses jeunes patients autistes. Le chien, premier animal domestiqué, nous accompagne depuis au moins 30 000 ans : il est à notre image et quelque soit le sort quʼon lui réserve, il est présent pour nous accompagner, nous aider à retrouver notre humanité perdue.